Eda Homes


En avril 2019, à l’émission Dessine-moi un dimanche, la metteuse en scène d’origine texane, Eda Holmes, accordait à Franco Nuovo, avec son savoureux accent anglophone, une grande entrevue en français à l’occasion de la présentation de la pièce Blind Date de Rebecca Northan au Centaur, théâtre qu’elle dirige depuis 2017. Moins connue du public francophone, cet entretien radiophonique nous permettait entre autres de découvrir, sous le titre « L’audace du théâtre », son impressionnant parcours de danseuse qui l’a menée pendant quinze ans des États-Unis en Europe. Du San Francisco Ballet au Dutch National Ballet, en passant par le William Forsythe's Frankfurt Ballet, elle a déployé une importante carrière de danseuse solo et travaillé avec les plus grands chorégraphes. 

Mais tout comme Balanchine, son maître à penser, une importante blessure au genou la force à regarder l’avenir autrement et à se redéfinir comme artiste. Montréal lui fait de l’œil et la parole du théâtre s’impose à elle en contrepoint au mutisme de la danse. À 32 ans, Eda Holmes a soif de paroles et d’histoires à raconter : elle s’inscrit donc aussitôt au programme de mise en scène de l’École nationale de théâtre du Canada où elle enseigne épisodiquement aujourd’hui. Citoyenne du monde, c’est ici qu’elle s’imprègne de cet art vivant, se forme et découvre toute la richesse de la dramaturgie québécoise qui devient sa grande source d’inspiration.

Toujours à la recherche de nouveaux dramaturges et particulièrement sensible aux écritures au féminin, Eda Holmes est aujourd’hui l'une des metteuses en scène les plus accomplies du milieu théâtral canadien. Bien qu’ayant élu domicile professionnel à Montréal, ville qu’elle chérit entre toutes pour son dynamisme et sa créativité liés à ses multiples influences culturelles, elle dirige des productions aux États-Unis et à travers le Canada, notamment à Toronto, à l’Opéra de Calgary, au Cincinnati Ballet Company et au Shaw Festival à Niagara-on-the-Lake où, en 2009, elle devient directrice associée. Elle occupera cette prestigieuse fonction jusqu’à sa nomination à la direction artistique du Centaur. Quatrième en titre de ce poste, elle définit ce théâtre fondé en 1969 comme montréalais avant d’être anglophone. Situé depuis sa création dans l’ancien édifice de la Bourse dans le Vieux-Montréal, elle le rêve aujourd’hui à l’image du Public Theater de New York, près des gens de la ville et de leurs histoires.

Eda Holmes fait son entrée cette année au TNM auprès de Michel Marc Bouchard, auteur dont elle fréquente l’œuvre depuis déjà de nombreuses années. En 2009 et 2015, elle a porté sa parole sur la scène torontoise, dans des traductions inédites de Linda Gaboriau, en signant tour à tour les mises en scène de The Madonna Painter au Factory Theatre et de Tom at the Farm présenté au Buddies in Bad Times Theatre, pour lequel elle a reçu un prestigieux Dora Awards. Avec Embrasse, présenté à quelques semaines d’intervalle sur les scènes du TNM et du Centaur, elle poursuit son inspirante quête de créer des ponts entre les artistes francophones et anglophones, et leurs publics.