La renaissance du TNM ne se fait pas sans concession : les membres de la troupe permanente continueront de travailler très régulièrement au TNM, mais ne seront plus le noyau de la compagnie. Non seulement le statut de « pigiste permanent » était malaisé pour les comédiens réguliers, mais il donnait aussi une (fausse) impression de fermeture à la communauté théâtrale et leur nombre limité menaçait de lasser le public. André Brassard, observateur attentif de la question, en avait conclu que, pour un théâtre comme le TNM, une troupe permanente devait compter au minimum 30 membres… Par ailleurs, dans ce nouveau départ, Olivier Reichenbach suit sa ligne artistique : des textes du grand répertoire, une pièce contemporaine, une comédie et une création. Si la saison se termine avec un impressionnant Othello — dominé par la performance de Raymond Bouchard et par le Iago souverain de Gérard Poirier — le spectacle de création, Rien que la lune de la troupe Circus, est un douloureux échec. Le vieux débat sur la place de la création au TNM refait alors surface. Reichenbach, échaudé, décide de renoncer à créer au TNM. En contrepartie, il entreprend une série de relectures du répertoire québécois et demeure à l’affût, saisissant ainsi au vol l’occasion de présenter la pièce Les feluettes du jeune auteur Michel Marc Bouchard créée quelques mois plus tôt à la salle Fred‑Barry par le Théâtre Petit à Petit (devenu Théâtre PàP) et dont le succès est retentissant.