L’histoire d’amour entre Michel Marc Bouchard et le TNM remonte à la pièce Les feluettes présentée au cours de la saison 1988-1989. Olivier Reichenbach, qui à l’époque dirigeait le théâtre, avait eu le flair de reprendre ce spectacle créé à la petite salle Fred‑Barry et dont l’accueil dithyrambique avait ouvert largement les portes de la reconnaissance à son jeune auteur. Il avait trente ans. Les deux décennies suivantes ont vu naître au TNM au moins une de ses créations : Le voyage du couronnement en 1995 et Les manuscrits du déluge en 2002. Traduit en anglais, en italien, en espagnol, en allemand, en portugais, en japonais…, il est joué à travers le monde, mais c’est au TNM, depuis 2012, qu’ont été créées en français, dans des mises en scène de Serge Denoncourt, ses toutes dernières pièces. Quelles soient en dialogue avec l’Histoire ou ancrées dans la géographie du territoire — le Saguenay Lac-Saint-Jean dont il est issu — elles créent l’événement à chaque lever de rideau : Christine, la reine-garçon, avec Céline Bonnier dans le rôle-titre, La divine illusion, inspirée par la venue au Québec au début du 20^e siècle de Sarah Bernhardt, interprétée par Anne-Marie Cadieux, et La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, une énigmatique joute de vérité au sein d’une fratrie. La création d’Embrasse, déclinée en français au TNM et en anglais au Centaur dans une mise en scène unique d’Eda Holmes, ouvrait la saison des 70 ans du TNM.