Dans les années soixante-dix, les créations du tandem Tremblay/Brassard déferlent sur les scènes montréalaises. Le jeune auteur, qui jouit déjà d’une grande notoriété depuis l’avènement des Belles‑sœurs, y livre des pièces inédites sous le regard éclairé du brillant metteur en scène. En 1974, Bonjour là, bonjour est créée par la Compagnie des deux chaises, suivie deux ans plus tard de la création de Sainte Carmen de la Main à la compagnie Jean‑Duceppe, dans le cadre du volet culturel des Jeux Olympiques. Deux fois plutôt qu’une, la critique ne se fait pas tendre. Et malgré les performances célébrées de Michelle Rossignol et de Denis Drouin, dans les rôles de Carmen et de Maurice, la vie du dernier spectacle se voit abruptement écourtée. Jouant d’audace, Jean-Louis Roux offre aux deux créateurs une seconde mise au monde de ces deux drames chorals. Brassard remet alors les compteurs à zéro. Dans un désir de non-illustration du texte, il modifie et déplace des répliques, décompose des monologues, électrise les chœurs et met en espace de véritables écritures scéniques qui révèleront toute la force, la complexité et la beauté de l’écriture de Michel Tremblay. Le succès, qui depuis ne s’est jamais démenti, est au rendez-vous. Ses mises en scène acclamées de Sainte Carmen de la Main en mai 1978 et de Bonjour, là, bonjour en novembre 1980, qui se déployait audacieusement autour d’une immense table et huit chaises, sont inscrites dans les annales du théâtre québécois : il en dirigera trois autres productions en français et une en anglais. André Brassard a été un éminent accoucheur de l’œuvre universelle de Michel Tremblay qui, aujourd’hui, fait l’objet de nombreuses relectures par d’autres éminents metteurs en scène.