Les transformations théâtrales d’œuvres littéraires se révèlent particulièrement riches dans les premières décennies du troisième millénaire. Au classement de ces événements, figure entre autres Le procès, alors qu’en 2004 le TNM accueille pour la première fois le cinéaste François Girard et son complice, le romancier Serge Lamothe, qui signe une fascinante dramatisation du célèbre roman de Kafka. Dans le double rôle d’adaptatrice et de metteuse en scène, Lorraine Pintal portera sur les planches Une adoration (2005), tirée d’un roman publié à peine deux ans plutôt par l’écrivaine Nancy Huston, ainsi que L’hiver de force (2001) et L’avalée des avalés (2018) de Réjean Ducharme. En 2015, elle dirige la mémorable production du Journal d’Anne Frank, revisité par Éric-Emmanuel Schmitt, et invite le Théâtre Tout à Trac, sous le regard d’Hugo Bélanger, à enflammer la scène et le public avec une version festive et ludique du Tour du monde en 80 jours de Jules Verne. À la fin des années 2010, dans des registres totalement différents, le créateur Olivier Kemeid et la comédienne Marie-Thérèse Fortin font entendre la parole de Gabrielle Roy, telle qu’immortalisée dans La détresse et l’enchantement, tandis que le dramaturge Étienne Lepage offre une lecture moderne de L’idiot, roman phare de Dostoïevski, dans une mise en scène inspirée de Catherine Vidal. À ce corpus vaste et contrasté s’ajoute Fleuve de Sylvie Drapeau, un condensé de sa bouleversante tétralogie autobiographique.