À sa sortie du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, en 1973, Lorraine Pintal cofonde son propre banc d’essai avec quatre autres étudiant.e.s de sa promotion : le Théâtre de la Rallonge, un collectif de création rigoureux. Elle y jouera beaucoup, en plus d’y signer plusieurs mises en scène. Entre autres, la création du Syndrome de Cézanne de Normand Canac-Marquis, que les critiques récompensent du prix de la meilleure mise en scène de la saison 1986-1987. Elle y donnera aussi Madame Louis 14, un exceptionnel solo qu’elle écrit, monte et interprète. Mais tout autant que l’alchimiste de la scène, ce que le TNM est allé chercher en Lorraine Pintal, c’est l’animatrice, la rassembleuse. Le théâtre pour elle se nourrit avant tout de l’âme de ses artistes et de ses artisans. Le plaisir, et peut-être plus encore la joie, reste à ses yeux essentiels au processus de création. Le TNM a aussi confié ses rênes à Lorraine Pintal sur la foi en son solide sens des réalités. À la Rallonge, elle n’a jamais eu le choix que de conjuguer le cœur avec la raison. En 1985, elle part étudier la réalisation et la production télévisuelles à New York. Elle en rapporte une expertise de coordination générale d’un projet mise au profit, entre autres, de la série Montréal, P.Q. de Victor-Lévy Beaulieu. Les budgets, les horaires, les compromis : ce n’est pas d’hier qu’elle sait jongler avec tout ça. Son côté « mouvement perpétuel » a su également séduire le comité de sélection.