Le crépuscule des fauves ✹ Comme à chaque année, pour saluer la fin de la session parlementaire, un groupe d’amis soudés par les ans, les liens familiaux et l’appartenance au parti politique qui gouverne, se retrouve pour un long week-end dans le vaste domaine forestier de Daria et Stéphane, patriarche assumé et premier ministre sortant. Au cœur de cette tribu qui aime beaucoup parler, beaucoup manger et trop boire, se détache l’énigmatique figure d’Anna, jeune sœur de Stéphane et épouse d’Yvan, qui s’apprête à prendre la tête du parti. Or quelques années auparavant, Anna a connu une passion dévastatrice avec Alexis, un député du parti, avec qui elle a eu une fille qu’Yvan fait passer pour la sienne. Or voici qu’après quatre années d’absence, Alexis débarque au beau milieu de la fête alors que l’on vient de découvrir une dizaine de cadavres de cerfs au bord de la rivière. ✹ Voici une fresque, une pièce‑fleuve où, à l’orée d’une toute‑puissante forêt, quatorze personnages se retrouvent, s’aiment, rient, mêlent leurs petits caprices à leurs grandes idées, se querellent, se réconcilient, s’attendrissent et parfois touchent les effrayants mystères au cœur de chaque vie. Et où, sur l’autel du pouvoir, les femmes – comme la nature – sont systématiquement sacrifiées. ✹ L'auteur et comédien Steve Gagnon, ainsi que  le metteur en scène français Vincent Goethals, qui fréquente la dramaturgie québécoise depuis plus de vingt-cinq ans, ont créé un spectacle envoûtant qui a tout aussi bien enthousiasmé le public du festival Les Zébrures d’automne à Limoges que celui du Carrefour international de théâtre de Québec. — Paul Lefebvre