C'est avec joie que nous accueillons pour la première fois une création du Théâtre de La Manufacture et de La Licorne, cette incontournable institution de la rue Papineau. Après deux séries de représentations à Montréal et une tournée québécoise, l'adaptation théâtrale du film culte, Deux femmes en or, signée Catherine Léger et mise en scène par Philippe Lambert, achève sa rencontre avec le public sur la scène du Nouveau Monde. Pour notre plus grand plaisir, et le vôtre !

Bon spectacle !

Geoffrey Gaquère

Je suis depuis longtemps une grande fan du film Deux femmes en or. J’ai toujours aimé son côté jazzé, sa banlieue si poétique, ses personnages lucides qui vivent sans trop se prendre au sérieux... Et, bien sûr, ces deux femmes au foyer qui explorent spectaculairement la sexualité sans culpabilité et sans rêver de romance.

Marie-José Raymond et Claude Fournier m’ont fait confiance pour adapter leur film au théâtre. Je leur en suis extrêmement reconnaissante. Si j’étais déjà admirative de leur capacité à faire une comédie sur la sexualité féminine, je le suis devenue encore plus au fur et à mesure que mes femmes en or à moi, modernes, m’amenaient dans une comédie un peu plus noire. C’est que cette légèreté qui m’avait tant séduite dans le film, je ne la retrouvais pas à notre époque beaucoup plus rigide qu’il n’y paraît. On a fait le grand ménage de nos petits travers pour notre bien, pour notre santé, pour notre sécurité, pour ne pas nuire à cette grande performance qu’est notre vie. On est bien sage. Parfois, je ne sais plus à quoi ça sert de travailler autant, de se démener dans des horaires surchargés, alors que le sentiment d’être en train de passer à côté de quelque chose n’est, malgré tous nos efforts, jamais bien loin. L’anxiété non plus. Est-ce vraiment souhaitable de « réussir » sa vie ? Est-ce que ce n’est pas déjà une façon de l’instrumentaliser et donc voué à l’échec ?

Le chemin qui mènera à une exploration sexuelle les femmes en or que vous verrez ce soir est plus laborieux que celui des femmes en or de 1970, parce qu’elles sont d’emblée plus libres. Comme elles ont choisi la vie qu’elles ont, elles devraient savoir s’en contenter. Accepter qu’elles sont pleines de pulsions nouvelles et en mouvement, c’est trahir ce qui semble attendu d’elles, maintenant qu’elles sont mères. Ça demande du courage. Elles l’auront.

Merci, Philippe, pour le bonheur de te retrouver, pour toute la vie que tu mets dans ces mots-là. Merci, Isabelle, Sophie, Charlotte, Léa, Steve, Mathieu et Rose-Anne pour cette superbe incarnation. Merci, Isabelle et Diane, de me lire et de me guider depuis le début. Merci, Dany, pour la première vie de la pièce. Merci, Martin, pour la prochaine.

Marie-José, Claude, merci pour votre bienveillance, votre complicité.

Merci pour la liberté que vous m’avez donnée. Merci, merci, merci.

Catherine Léger

Mettre en scène un texte de Catherine Léger, c’est un grand bonheur. Catherine a ce don pour raconter des histoires qui prennent racine dans nos angles morts et qui mettent à mal nos postures morales avec un plaisir contagieux et un soupçon d’irrévérence bienveillante. Il suffit alors de bien éclairer les situations et de faire résonner ses répliques savoureuses et toute la finesse d’esprit de Catherine jaillit. On découvre que derrière la comédie se cache une fulgurante lucidité qui nous foudroie quand on s’y attend le moins. Et on en redemande. Parce qu’on rit de s’y reconnaître aussi orgueilleux, maladroit, vulnérable ou suffisant. Le portrait n’est pas toujours joli, mais il a le mérite de s’interroger sur nos modes de vie trop souvent axés sur la performance, tant familiale que professionnelle ou sociale.

Dans son adaptation de Deux femmes en or, tout y passe et personne n’est épargné. Chaque personnage frappe un mur. Tandis que les maris s’enlisent, nos deux femmes, elles, rebondissent, s’activent, s’envolent même, fortes de leur amitié. Le statu quo n’est pas une option. Solidaires dans leur quête du bonheur, elles osent transgresser, entre autres, le tabou ultime, celui d’une sexualité féminine libre, assumée, débridée même. C’est assurément très jouissif (dans tous les sens du terme !), parce que Catherine conserve toute la folie du film sorti en 1970, tout en attaquant de front des enjeux bien contemporains auxquels doivent faire face les couples d'aujourd'hui. Maintenant, à vous d’évaluer si les rapports hommes-femmes ont vraiment évolué depuis cinquante ans ! Et surtout si nos deux femmes en or sont plus libres aujourd’hui ?

En terminant, je veux sincèrement remercier Catherine pour toute sa confiance. C’est notre quatrième collaboration et, comme chaque fois, je me sens privilégié d’y participer.

Merci du fond du cœur à tous les interprètes pour votre investissement total. Isabelle, Sophie, Charlotte, Léa, Steve, Mathieu et Rose-Anne, vous avez été des complices précieux.
Merci aux concepteur·trices, qui m’ont épaulé avec talent et sensibilité tout au long du processus.
Merci à Lorraine Pintal pour cette invitation et à Geoffrey Gaquère et toute l'équipe du TNM pour votre chaleureux accueil. 
Et vous, public, merci pour votre présence et votre curiosité !

Philippe Lambert